L’Université de Sapporo

Hokkaido est la grande île du Nord du Japon.

      De la montagne à skieurs, du traking et autres activités sportives expliquent l’intérêt que lui portent en général les touristes européens et américains. Hokkaido risque de décevoir la quête d’authenticité et de témoignages anciens qui caractérise les voyages au Japon. Quant à Sapporo, bâtie en 1868, détruite en 1945 et reconstruite ensuite, cette ville moderne compte aujourd’hui deux millions d’habitants, qui seront reliés en mars 2016 à Honshû par un Shinkansen qui facilitera les voyages jusqu’à Tokyo. Certains visiteurs assurent que Sapporo présente des points communs avec Montréal (la température, la neige, le passage souterrain d’environ trois kilomètres, qui longe l’artère principale, etc.)

         L’Université de Sapporo est remarquable par son campus, dont l’entrée principale donne sur l’une des avenues de la ville et un quartier proche du centre. Créée à la fin du XIXe siècle par l’Américain Clarks sous la forme d’une école supérieure d’agriculture, elle devait initialement remplir des besoin locaux de développement. Le docteur W.S. Clarks fut, en 1876, le premier vice-président du « Collège d’agriculture » de Sapporo. Enseignant en langue anglaise, il tenta de répandre parmi ses étudiants et ses collègues un idéal de gentleman. L’un de ses disciples fut NITOBE Inazo, auteur d’un ouvrage consacré au Bushido, principalement écrit pour les étrangers. Peuplée initialement d’Aïnous, l’île a connu depuis 1868 des vagues de colons issus de tout le Japon, jusqu’à ces agriculteurs-soldats typiques du volontarisme de l’ère Meiji.

      Cette université – la plus vaste et la mieux classée d’Hokkaido – a connu plusieurs phases de développement. En 1907, elle devient un « Collège d’agriculture » avec le statut d’Université Impériale du Tohoku, et en 1947, l’Université d’Hokkaido. D’une surface de plus en plus étendue, l’université s’est dotée d’une quinzaine de centres de recherche et a multiplié les domaines d’enseignement. En 2015, elle ne regroupe pas moins de douze facultés et dix-huit écoles doctorales, et compte des bureaux tant à Pékin qu’à Séoul. Outre les enseignements liés au domaine agricole, l’université comprend des départements de littérature, de droit, de sciences économiques, de médecine vétérinaire ou dentaire… Parmi les centres de recherche, l’un d’entre eux est consacré à la culture aïnou et « indigène », un autre au tourisme, aux langues étrangères (le russe)…

     Les statistiques de 2015 montrent que 46% des étudiants sont issus d’Hokkaido, 17% du Kanto, 12% d’Hokuriku et Chubu (au centre de Honshû). Mais le campus compte également 365  partenariats internationaux et des étudiants étrangers : 133 proviennent de l’Asie, 90 de l’Europe et 30, de l’Amérique du Nord. En tout, près de quatre mille professeurs et membres du personnel accueillent près de 18000 étudiants – chiffres de 2014. Pour les attirer, l’Université a développé des activités parallèles aux études proprement dites : ces jeunes gens peuvent choisir ainsi entre 114 sportives et associations culturelles.

     Me promenant dans ce vaste campus à l’américaine, où tout est spacieux, propre et joliment aménagé, je songeais à l’étroitesse de la plupart des universités d’Île de France, et à leur manque parfois crucial de moyens, aux avantages que présente un territoire récent (1868). Le visiteur est d’abord attiré par le « Furukawa Hall », maison typique de l’architecture américaine du dernier siècle (1909 exactement) : un style prétendu « français » vu par les Américains, puis les Japonais.

     Mais on est également attiré par les arbres, les pelouses, la petite rivière, et tous ces panneaux en langue japonaise et en anglais, grâce auxquels on ne risque pas de se perdre. Régulièrement, quelque jeune fille à bicyclette traverse nonchalamment une allée, ou bien une poignée de garçons rigolards portent je ne sais quel outil sur un chariot réticent. L’une des curiosités du lieu est l’allée des peupliers, dans un pays où il n’en pousse pas. Soudain, un air d’Europe, une nostalgie schubertienne… Plus loin, des serres rappellent également le travail agricole que l’on pratique en France.

2 réflexions au sujet de « L’Université de Sapporo »

    1. Bonjour. Par l’entrée principale… Les visiteurs peuvent passer d’abord au bureau d’information, qui propose des plans et des brochures explicatives, qui permettent de se promener librement dans l’Université. Cela ne signifie pas en revanche que l’on puisse entrer dans les bâtiments (et d’ailleurs, pour quoi faire ? il s’agit d’une université comparable aux autres, avec des étudiants et des professeurs…). Il n’en demeure pas moins une impression de liberté et d’organisation, à la fois.

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