Les contes traditionnels japonais sont envahis d’ogres, d’ogresses, de démons, de sorcières, d’esprits malins et vengeurs, types de pretas et force tengus. Il n’est que de lire « Cent ogres dans la nuit » (il n’en fallait pas moins) pour rencontrer de charmants exemples de ce folklore magique et noir dont des mangas et des films d’animation ressaisissent la mémoire enfouie sous les apparents conforts de la modernité.
Mishima sur un promontoire
Ecrivain majeur du XXe siècle, MISHIMA Yukio a fasciné tout au long de sa vie et par-delà sa mort théâtrale, le 25 novembre 1970. Estimé et aimé de KAWABATA Yasunari, il a fasciné les intellectuels français les plus divers, de Marguerite YOURCENAR à Michel FOUCAULT, à Richard MILLET et au philosophe Pierre BOUTANG. En Europe et aux Etats-Unis, il est compris plus librement qu’au Japon, où il se trouve récupéré avec contresens par diverses extrêmes-droites. Au-delà des manipulations, des images et des masques avec lesquels il a voulu faire danser sa vie publique, il faut rappeler que Mishima est avant tout un écrivain et un dramaturge, et que sans lui, la littérature moderne manquerait d’une respiration.
Le « Musashi » retrouvé
Le « Titanic » a connu une résurrection cinématographique qui l’a propulsé durablement sur les eaux mouvantes des mythes populaires. Le public goûte l’image des effondrements vertigineux, des descentes fabuleuses vers les abîmes ou les abysses, ou de ces divers colosses à la Goliath abattus d’un coup définitif. Ce public déclaré grand trouvera-t-il de quoi se repaître avec le « Musashi » japonais, si un film lui était consacré ?
Pluie à Nagasaki : mémoire et temps
Après avoir lu le roman de MURATA Kiyoko intitulé Dans le chaudron (Naba no naka en japonais), prix Akutagawa de 1987, KUROSAWA Akira rédigea en quinze jours le scénario du film Rhapsodie d’août (1991), qui appartient à la dernière période de sa grande carrière de cinéaste.
La littérature japonaise en quelques titres
On me demande régulièrement par quelles œuvres on peut se lancer à la découverte de la littérature japonaise. Depuis les années 2000, les lecteurs ont l’embarras du choix : alors que le grand japonologue René Sieffert a traduit les plus grands textes classiques (du Heike monogatari au Genji monogatari, jusqu’à l’Eloge de l’ombre de Tanizaki), et Jacqueline Pigeot à sa suite, des éditeurs ont permis à divers traducteurs de faire découvrir aux Français des dizaines d’œuvres encore ignorées : des ‘classiques’ modernes, mais aussi des textes contemporains. Pour accompagner cet essor remarquable, qui montre que l’intérêt du lectorat ne se borne pas aux foisonnants mangas, on trouvera ici quelques propositions et indications, qui permettront de partir à la découverte du continent littéraire japonais.
Quelques classiques (littérature de l’ère Heian)
1°) Le Dit du Genji (Genji monogatari).
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Zatoichi ou la Justice des misérables
On connaît Arsène Lupin, gentleman cambrioleur grâce à qui de plus méchants sont arrêtés ou confondus, Robin des Bois, et Mandrin, qui volèrent aux riches pour donner aux pauvres.
Le Japon, lui, a inventé Zatoïchi, le masseur aveugle.
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Onsen d’Enfer
Comme le savent ceux qui ont eu la chance de séjourner assez durablement au Japon, la cuisson humaine y forme une puissante et rougeoyante originalité. Une quarantaine de degrés et plus vous accueillent dans ces fameux onsen dont le nombre tourne autour de 2300, parmi lesquels le plus ancien aurait trois mille ans. Pratiques thermales, les sources d’eau chaude naturelle sont également appréciées des moines, qui en font un rituel de purification.
Le sushi-cliché, le sushi international, le sushi à se faire, etc.

« Ce soir, je vais au japonais », « tu veux des sushis ? », « les Japonais, y mangent des sushis », « moi j’te frai des sushis à la maison », « aucun sushi à vous faire », etc, etc. Parmi les clichés en vogue sur le Japon, celui du sushi est le plus répandu : il se décline en autant de faux restaurants et vrais traiteurs, tenus par des personnes qui, pour être d’origine asiatique, ne sont nullement japonaises, et ne cuisinent généralement pas selon les méthodes pratiquées au Japon. En France, en Angleterre, partout en Europe, la plupart de ces restaurants ou traiteurs sont des faux, ou du moins, des imitateurs.
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Le testament du soir, de Shindo Kaneto
Ancien parmi les anciens, Shindo Kaneto est mort en 2012 à l’âge de cent ans, après avoir produit une centaine de films, jusqu’à 98 ans ! Ce grand cinéaste, d’un caractère trempé, avait été l’assistant de Mizoguchi pour le tournage des 47 rônins. En France, il s’est fait connaître par un chef d’œuvre sans paroles, L’île nue, en 1960, et Onibaba, en 1964. Malheureusement, en dehors de ces deux titres, la France a peu reconnu ce cinéaste, il est vrai davantage ‘domestique’ que Kurosawa, mais qui mériterait un autre sort : il paraît injuste qu’un artiste de moindre envergure comme KITANO Takeshi ait reçu la légion d’honneur, et non Shindo.
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La vérité sur HACHIKO est bonne… à manger
L’Université de Tokyo, fameuse « Todaï », vient d’ériger (au mois de mars 2015) une nouvelle statue d’Hachiko, le chien fétiche du Japon.
On sait que pendant des années, cet « Akita inu » (chien d’Akita), né en 1923, avait attendu son maître à la même heure, et que ce héros de la fidélité avait inlassablement rempli sa tâche après la mort de son propriétaire, en 1925, suscitant l’émerveillement attendri des contemporains. Depuis des années, le chien est statufié à Shibuya, point de rendez-vous pour des centaines de milliers de personnes, japonaises ou non. Hachiko a inspiré des films, des mangas, des cartes postales, il est l’objet d’une vénération véritablement universelle, où le Japon verse tout le saké de la compassion. Un sculpteur a donc statufié une seconde fois l’héroïque toutou, fidèle comme 47 samouraïs, pour une somme de 760.000 euros dit-on : le chien et son propriétaire (un professeur d’agriculture) scellent leur sentiment par un regard qui les fixe pour le monde entier. Cette nouvelle sculpture a relancé le mythe, que reprennent en chœur les milliers de touristes.
L’autre jour, un lucide admirateur d’Hachiko me l’a confié : au point de rendez-vous où le chien attendait son maître, se trouvait un généreux marchand de yakitoris. L’Akita inu manquait d’autant moins l’heure de son papa qu’elle éveillait d’intransigeantes babines…
Mettons que fidèle à son maître, Hachiko honorait la cuisine locale et qu’il entraîne, à ce titre, notre sympathie.
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