Le Japon peut difficilement être visité et connu si l’on exclue le transport en train. Avec ses vingt-six mille kilomètres de voie – à peine moins que la France, avec un territoire qui équivaut aux deux tiers à notre territoire national –, le Japon dispose d’un réseau réputé pour son respect des horaires et sa grande sécurité. Premier pays à avoir ouvert des voies à grande vitesse, il sera bientôt le premier à lancer le train à sustentation magnétique (le Maglev), qui reliera pour commencer Tokyo à Nagoya, en 2027.
On a coutume de comparer les prouesses du TGV et celles du Shinkansen : comparaison où se mêlent rivalité technique et banal chauvinisme. Une différence de date sépare les deux modèles : le train japonais à grande vitesse remonte à 1964 – Jeux Olympiques de Tokyo – tandis que la première ligne du TVG date de 1981.
Si l’antériorité du train japonais ne fait aucun doute, le record de vitesse quant à lui continue à opposer les Français à leurs rivaux. La SNCF rappelle ainsi que le record mondial de vitesse sur voie, en 2007, permit au TGV d’atteindre 574 kilomètres à l’heure. Ce n’est pas que le Japon méconnaisse l’exactitude de ce record : il conteste la valeur de la comparaison. En effet, on oublie généralement de préciser que, tandis que le Shinkansen est tiré par une seule locomotive, le TGV dispose d’un moteur électrique à chaque wagon. Ce procédé est habile, efficace, et permet d’assurer plus facilement la grande vitesse. Mais les deux engins n’étant pas identiques sur un point essentiel (la distribution de la force de traction), la comparaison perd beaucoup de sa pertinence.
Ce débat entre fervents du train ou de la vitesse est toutefois en train de prendre un sérieux coup de vieux : le 21 avril 2017, le train à sustentation magnétique, le Maglev, a dépassé allègrement le record du monde, avec 603 kilomètres heures.
Il faut dire que, troisième économie mondiale, force financière autrement puissante, le Japon dispose des moyens nécessaires à la recherche, à la conception et à la production de tels projets.
Nota bene : un ami me signale l’excellent article de Karyn Poupée publié dans Le Point du 30 décembre 2017 : « Pourquoi les trains japonais ne sont-ils (eux) jamais en retard ». Pour aller dans le sens de Karyn Poupée, j’ajouterai qu’il y a au Japon un attachement d’ordre historique au train : la modernisation fulgurante de ce pays à l’ère Meiji a trouvé dans le train, les rails, toute l’organisation ferroviaire, un symbole de puissance, d’adaptation et d’organisation, dont on trouve l’empreinte non seulement dans le roman, mais aussi parmi quantité de films (postérieurs à Meiji, évidemment). Le train offre aux Japonais une image significative de leur pays. Je trouve ironique (par rapport à un pays comme la France) d’avoir à constater, en suivant le texte de Karyn Poupée, que la politesse ou sociabilité japonaise s’incarne à travers le respect des horaires. Des amis me signalent toutefois que la ponctualité des trains est meilleure en France qu’en Angleterre, en Italie, et en Allemagne…