Bientôt 2017. Quelques jours avant, il est permis d’aborder « Kakizome », la coutume consistant à produire le 2 janvier la première calligraphie de l’année.
Le 2 janvier, comme autrefois le Tenno en sa Cour, de nombreux Japonais se lancent dans des Kakizome : munis du fude (pinceau), du papier et de l’encre, ils forment des kanji propitiatoires afin que l’année nouvelle se montre favorable et heureuse. Ou bien ce sont des promesses, de sages résolutions, définitives comme le temps. Ce ne sont pas des poèmes, plutôt des formules brèves, d’une formulation souvent banale, que calligraphient même les enfants. Il s’agit ainsi de porter plus haut le charme et le mystère du premier moment, du premier instant de l’année. Pour les calligraphes du 2 janvier, cette première fois est comme la première fois véritable. Et le premier kanji sera comme l’essor d’un lotus, qui portera les suivants.
Voici que le jour se lève, c’est Kakizome !
Pour l’encre c’est pareil : Hatsusuzuri, l’étape où l’on prépare l’encre de la calligraphie, c’est aussi un premier moment. Avant le premier Kanji de l’année – de toujours. Le pinceau noir glisse sur le papier et laisse le premier souvenir se fixer.
Par Kakizome, ce premier moment, que tous les autres de l’année soient bons, bénéfiques ou généreux. Que soit riche toute saison, que soit plus clément le travail, plus étendue la compassion, plus tendre l’amour et sincère le pardon.
Kakizome, dit-on, c’est le temps des mains
Des mains qui appellent le temps :
Le 2 janvier des mains qui appellent
– Sans voix – vers les dieux
Ou quelque bienveillance.
Kakizome les enfants les Anciens
Tracent au pinceau les signes les écritures
Qui feront le temps meilleur
Et l’éternité plus belle.
Quels temps sont nos temps
Pour Kakizome, ces petites mains
Ces pinceaux ces feuilles
Qui ne connaissaient pas
Les guerres pourries les paix corrompues
Qui sont ces temps entre les mains.